Retour à la liste

Septembre 2024

Enquête sur les abeilles sauvages 3/3

Des pollinisateurs spécialisés

Dans le monde des insectes, nombreux sont ceux qui entretiennent des relations étroites voire privilégiées avec les plantes qui les entourent. Avoir de bonnes connaissances en botanique peut alors s’avérer être un plus lorsqu’on les cherche ! Chez certaines espèces, notamment chez les papillons, cette dépendance à une ou des plantes-hôtes se fait généralement sur une brève période de leur cycle de vie, lors des stades de développement précoces où l’insecte n’est encore que chenille et consomme la plante. Une spécialisation au stade adulte est généralement plus rare mais possible. C’est le cas notamment en pollinisation chez certaines espèces d’abeilles sauvages. En effet, contrairement à d’autres pollinisateurs qui se nourrissent de pollen et de nectar uniquement au stade adulte, comme les papillons et les syrphes par exemple, les abeilles, elles, utilisent également ces ressources pour nourrir leurs larves. Elles dépendent alors des plantes-hôtes tout au long de leur vie. Ce degré de dépendance varie toutefois selon l’insecte.

Colletes hederae sur Hedera helix

La Collète du lierre (Colletes hederae) est une abeille de la famille des Collétidés associée au lierre grimpant (Hedera helix). Ce comportement monolectique la fait émerger tard dans l’année, de la fin des mois d’août à octobre, lorsque sa plante-hôte est en fleurs. Cette stratégie lui permet de limiter les interactions avec les autres pollinisateurs, dont la majorité auront déjà fini leur cycle de vie. Le lierre y trouve également son compte, puisque cette espèce d’abeille est son principal pollinisateur (Henessy & al 2021). Bien que la recherche de pollen pour les larves s’effectue exclusivement sur cette plante, mâles et femelles de cette espèce peuvent butiner le nectar d’autres plantes si le lierre vient à manquer. Comme beaucoup d’autres abeilles solitaires, il n’est pas rare de les retrouver nichant en «bourgades», constituées d’agrégats denses de plusieurs dizaines voire centaines de nids. Cette espèce semble affectionner particulièrement les sols argilo-sableux en pente et à faible couvert végétal. Vous pouvez donc assez aisément favoriser sa venue en laissant pousser le lierre et en laissant des zones de sols nus à proximité.

Hedera helix · Le Lierre grimpant | B. MARTHA

Autrefois confondue avec des espèces similaires du genre Colletes, cette espèce n’a été décrite que récemment, en 1993 (Schmidt & Westrich). Elle fait partie des plus grandes abeilles du genre Colletes, et les femelles récoltant le pollen du lierre peuvent être identifiées sans trop de difficulté en observant les critères suivants:

  • Taille : 13 mm femelles (et 10 mm mâles)
  • La coloration « chamois » et nettes des bandes présentes sur les tergites, dont la largeur dépasse un tiers du tergite permet de la reconnaitre des autres espèces du genre Colletes(attention toutefois car ce critère est plus facile à observer sur photo).
  • La pilosité rousse du thorax
  • 2e nervure récurrente en « S »
Colletes hederae · La Collète du lierre | B. MARTHA

Pour participer :

Si vous souhaitez contribuer aux connaissances régionales de ces trois abeilles spécialistes, n’hésitez pas à les rechercher sur leur plante-hôte durant les périodes de floraison et à les noter sur E-Observations !

N’oubliez pas de joindre des photos avec les critères mentionnés précédemment visibles et d’indiquer la plante-hôte en cliquant sur «Plus d’options» puis dans la section «Plante-hôte».

E-Observations

Plus d'informations sur cette enquête : cliquez ici