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L’Azuré de l'Esparcette présente un fort dimorphisme sexuel. Chez les mâles, le dessus des ailes d’un bleu aux reflets légèrement violacés porte d’abondantes androconies, conférant un aspect duveteux à la moitié basale de l’aile antérieure ; les deux paires d’ailes sont ourlées d’un liseré noir et de franges blanches. Les femelles sont généralement brunes (rarement lavées de bleu), pourvues de franges brunes et ornées de lunules submarginales orange, particulièrement marquées et rehaussées de points noirs aux postérieures. Le revers est gris brunâtre dans les deux sexes, frappé de gros points noirs cernés de blanc. La cellule des ailes antérieures est dépourvue de point basal. Un critère supplémentaire de différenciation consiste, sur le revers de l’aile postérieure, en la nature du triangle formé par la disposition relative des ocelles des espaces 6 et 7 et de la lunule antémarginale orangée de l’espace 7 : triangle rectangle (ocelle 6 proche de la lunule) chez l’Azuré de l'Esparcette, et isocèle chez l’Azuré de la Bugrane. Il existe un très grand risque de confusion avec les individus d’Azuré de la Bugrane appartenant à la forme icarinus Scriba, dont le revers, orné de points généralement petits, est dépourvu de point basal cellulaire. La capture est absolument nécessaire pour assurer une détermination incontestable.
L’Azuré de l’Esparcette, strictement calcaricole, est lié à la présence de ses plantes-hôtes, divers Sainfoins (Onobrychis spp.). Il peut se développer autour de quelques pieds sauvages, mais des populations ont également été observées sur des champs de Sainfoin cultivé (Onobrychis viciifolia forme sativa) à Frotey-lès-Vesoul. En plaine, l’espèce est thermophile, fréquentant les pelouses sèches sur sol calcaire, alors qu’en altitude elle est plus mésophile, évoluant dans des milieux à végétation herbacée plus dense au sein de laquelle pousse l’Esparcette à feuilles de vesce (Onobrychis viciifolia). Elle vole souvent en compagnie de l’Argus bleu, d’où l’extrême difficulté à la repérer, d’autant plus que ses populations sont peu denses.
C’est une espèce bivoltine volant sur une période assez brève à la fin de mai et au début de juin (émergence la plus fournie), puis fin juillet-début août. Il y a peu d’émergences tardives comme chez l’Argus bleu.
Mâles et femelles butinent les Sainfoins et ne s’éloignent guère des stations qu’ils occupent.
Les stations calcaires ouvertes, chaudes et sèches, se font rares. Elles sont souvent fauchées trop tôt. Le pâturage excessif s’avère de plus catastrophique pour le Sainfoin sur certaines stations naturelles. L’utilisation de plus en plus fréquente de la plante, qui est semée à des fi ns fourragères ou ornementales, est toutefois en mesure de permettre un essor potentiel de l’Azuré de l’Esparcette, dont la présence dépend surtout de celle-ci. L’Azuré de l'Esparcette est menacé d'extinction et classé vulnérable sur la Liste Rouge régionale de Bourgogne.
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
Espèce atlanto-méditerranéenne, elle absente ou en régression dans de nombreux départements français de l’Ouest et du Nord. Cet Azuré est relativement rare, mais assez largement distribué en Franche-Comté. En Bourgogne, les colonies sont situées sur les plateaux calcaires du Châtillonnais, de Côte-d’Or et de la Montagne, jusqu’au Chalonnais. En Franche-Comté, les populations sont très fragmentées, hormis l’existence de deux noyaux, l’un sur les plateaux vésuliens et l’autre sur le sud du Jura. Il est certain que l’habitus de cette espèce, très proche de celui de l’Argus bleu, la rend très diffi cilement détectable. Le nombre de stations occupées est probablement sous-estimé. Il convient d’être particulièrement vigilant dans les biotopes à Onobrychis.
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
LAFRANCHIS T., 2000, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Ouvrage, Coll. Parthénope, Biotope édit., Mèze (France) : 448p.
LAFRANCHIS T., JUTZELER D., GUILLOSSON J-Y., KAN P.&B., 2015, La Vie des Papillons. Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France., Ouvrage, Ed Diatheo : 751p.