Morphologie

Envergure : 28-40 mm

La Carte géographique présente un dimorphisme saisonnier remarquable ayant longtemps laissé croire à l'existence de deux espèces distinctes : la forme printanière levana est fauve orangé en face supérieure, avec des macules noir intense ; la forme estivale prorsa est noire, traversée par une bande blanche postdiscale et une fine ligne rouge marginale. Une forme intermédiaire dite porrima, noire avec des bandes orangées et plusieurs lignes rouges antémarginales, est rarement observée, affectant parfois quelques rares individus de troisième génération. La face ventrale, par ses réseaux clairs le long des nervures et ses grandes taches, évoque une carte de géographie, d’où le nom vernaculaire de cette Vanesse, ou une toile d’araignée, à laquelle fait allusion le nom scientifique Araschnia. Son vol en plateau et sa taille permettent immédiatement de l’identifier.

Habitat

La Carte géographique est une espèce mésophile des lisières, des bois clairs, des terrains accidentés et des friches industrielles où pousse l’Ortie dioïque (Urtica dioica), sa plante-hôte. La forme prorsa, parfois plus ou moins colorée d’orange, s’est généralisée actuellement en plaine. La présence de nombreuses plantes nectarifères est vitale (Astéracées, Apiacées, Sureau yèble, Eupatoires, Origan…) car l’espèce, bien adaptée aux milieux rudéraux, est très floricole. Les terrains frais et humides sont préférés, souvent des berges et des fossés, des bordures de prairies inondables, mais aussi d’anciens dépôts d’ordures. Très mobile le long des haies et des murets, elle peut occuper les jardins, pour peu que l’on y abandonne un petit coin aux orties. Le comportement territorial est très marqué avec surveillances en vol plané et brusques accélérations à la poursuite d’un intrus.

Reproduction

La ponte est singulière : en plusieurs chapelets d’une dizaine d’œufs suspendus au revers des feuilles d’orties. Ce papillon a deux générations annuelles, en avril-mai (peu fréquente) puis en juin-juillet (commune). Jusque dans les années 1980, une troisième génération était observée uniquement les années très chaudes.

Régime alimentaire

Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.

Relation avec l’homme

Les atteintes portées aux zones humides comme le drainage des lisières humides, l’arasement des formations végétales rivulaires, le comblement des fossés ou encore le boisement de certains secteurs soumis à la déprise agricole (clairières, zones inondables…) nuisent par ailleurs à l’espèce. De nombreux biotopes alluviaux favorables sont de plus progressivement colonisés par un cortège d’espèces végétales envahissantes bien trop diversifié (Renouées du Japon, Topinambours, Balsamines, Solidages…). Il importe d’assurer la conservation de zones à orties, tant en milieu alluvial que dans les jardins et aux abords des fermes. L’usage d’herbicides peut être limité en s’appuyant sur les atouts de cette plante qui peut être utilisée à de multiples fins (purins végétaux, amendement, usages culinaires, alimentation des volailles…). L’espèce ne semble pas menacée. À l’instar d’autres papillons se développant sur les orties, ses populations pourraient être cependant plus importantes si l’on tolérait davantage sa plante-hôte.

Réseau trophique

Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.

Répartition géographique

Espèce eurasiatique, la Carte géographique est assez commune mais demeure localisée. Elle est en expansion en France et ne délaisse pour l’instant que la pointe bretonne et l’extrême Sud-Est. Très répandue sur l’ensemble de la Bourgogne et de la Franche-Comté, la Carte géographique subsiste néanmoins des manques coïncidant avec les zones agricoles intensives. Elle peut dépasser 900 m dans le massif du Jura.