Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Taille : 0,90 à 1 m de long et 1,75 à 2 m d'envergure
Poids moyen : environ 3 kg
La Cigogne noire est de taille légèrement inférieure à celle de sa cousine blanche. Comme elle et à la différence des hérons, elle vole le cou tendu. L’adulte est reconnaissable à son manteau noir qui présente des reflets irisés de vert et de pourpre; seuls les sous-caudales, le ventre et les aisselles sont blancs. Les pattes sont rouge vif, le bec et tour de l’oeil rouge carmin. A la sortie du nid, le juvénile est reconnaissable à son plumage gris noir, à ses pattes et à son bec gris-jaunâtre. De retour d’Afrique dans sa deuxième année civile, l’immature présente un bec et des pattes de teinte orange à rougeâtre, tandis que la couleur du plumage vire au brun mat.
En Côte d'Or, la Cigogne noire fréquente des forêts de feuillus (où elle construit son nid) et des zones humides (où elle s'alimente). Ces dernières se situent généralement en tête de bassin versant; elles sont typiquement constituées de petits ruisseaux peu profonds de première catégorie (dits « rivières à truites »), bordés par des prairies. Il a été évalué que l’espèce utilisait plus de 500 kilomètres de cours d’eau dans le département, dont 150 de manière très régulière. Les vallées les plus fréquentées sont celles de la Brenne, de la Seine, de l’Ource, de l’Ignon et des Tilles, incluant leurs petits affluents. Le territoire de pêche de la Cigogne noire peut s’inscrire dans un rayon de 20 kilomètres autour du nid.
Les 21 nids qui ont été observés et suivis depuis 1992 dans le département étaient tous situés en pleine forêt. L’aire (le nid en tant que tel) était construite dans un gros arbre, sur la fourche d’une branche latérale à la base du houppier; sur les 21 nids ayant pu être observés en Côte-d'Or, 12 se situaient sur un chêne, 7 sur un hêtre, 1 sur un Pin sylvestre et 1 sur un merisier. Un couple (reconnaissable aux bagues que les deux oiseaux portaient) a utilisé le même nid six années consécutives; ainsi rechargé plusieurs années de suite, le nid peut atteindre des dimensions impressionnantes : jusqu’à 2 mètres de diamètre et 1,5 mètres d’épaisseur.
La période de reproduction (quatre mois et demi) nécessite une grande tranquilité aux abords du nid. De retour d'Afrique à partir de fin février pour les plus précoces, les adultes reproducteurs s'accouplent rapidement et déposent 1 à 5 œufs dès la fin du mois de mars; la période de ponte s'échelonne sur un ou deux jours. Eclosant vers fin avril (32 à 38 jours d'incubation), les œufs donnent lieu à des poussins qui restent sous la protection des adultes pendant une bonne vingtaine de jours. Les jeunes quitteront le nid à l'âge de 63 à 70 jours, soit à la mi-juillet pour les premiers, en août pour les derniers. Des familles ainsi que des regroupements post-nuptiaux dépassant parfois les 20 individus peuvent être observés jusqu'à fin septembre.
La Cigogne noire se nourrit très majoritairement de proies aquatiques (poissons, crustacés, insectes ou encore amphibiens) qu'elle capture dans les ruisseaux peu profonds qu’elle arpente avec discrétion. A l'occasion du baguage, l'analyse des régurgitations des poussins indique que le chabot est leur principale nourriture.
Au début de sa présence dans le département, la Cigogne noire était identifiée comme un héron noir. A présent, l'espèce (et plus particulièrement les adultes avec leur bec et leurs pattes rouges) est bien connue des observateurs, mêmes occasionnels; cependant, les jeunes de l'année sont encore souvent pris pour des hérons. Discrète, l'espèce n'est pas spécialement menacée par les utilisateurs de l'eau susceptibles de la rencontrer (surtout des pêcheurs). Protégée en France, la Cigogne noire est inscrite à l'annexe I de la Directive Oiseaux (intérêt communautaire) et classée "en danger" sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs de Bourgogne.
Aucun cas de prédation d’un adulte n’a, à ce jour, été rapporté en Côte-d’Or.
La Cigogne noire est un migrateur transsaharien. La Côte-d’Or est située sur le couloir migratoire d’une bonne partie de la population ouest-européenne ; en effet des cigognes baguées en Belgique, Luxembourg, Allemagne ou République tchèque sont observées chaque année. Le suivi satellitaire nous indique que ces oiseaux planeurs traversent le détroit de Gibraltar, là où le trajet au-dessus de la mer, dépourvu des ascendances dont ils ont besoin, est le plus court. Ils gagnent ensuite le sud de la Mauritanie puis pour certains, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Togo ou La Guinée. De 4 000 à 5 000 kilomètres, ce voyage est réalisé en une vingtaine de jours au printemps, plutôt 25 à l’automne. Les nicheurs d’Europe de l’est empruntent des voies différentes à l'image du Bosphore pour rejoindre l’Afrique de l’Est.
La Cigogne noire a niché au moins une fois dans 22 départements de la moitié nord de la France. Le premier nid de Côte-d’Or a été officiellement découvert en 1992; depuis 21 nids ont été observés, principalement dans le nord du département (Châtillonnais). A ce jour, un seul a été découvert plus au sud, dans le pays d’Arnay, bien que l'espèce soit suspectée de nicher dans le val de Saône et dans le nord de l’Auxois. Sur les 122 poussins bagués au nid depuis 1992 en Côte-d’Or, un seul a été observé en nidification dans le département; parmi les autres, un a niché dans le Jura et un autre en Allemagne (Rhénanie Palatinat). A l’inverse, un poussin nivernais, un ardennais et un luxembourgeois ont niché dans notre département.
Depuis 1992, au moins un nid occupé a été découvert chaque année avec un maximum de quatre couples nicheurs simultanés en 2011, 2012 et 2013. Au total, ce sont donc 32 nichées qui ont été baguées dans le département de 1992 à 2015. La population de Cigogne noire du département serait comprise entre 3 et 6 couples.
Fiche rédigée par Antoine Rougeron (LPO Côte-d'Or)
CHEVALLIER, D., 2011, Résultats préliminaires du suivi Argos GPS de trois Cigognes noires (Ciconia nigra) dans les Régions Bourgogne et Champagne-Ardenne durant les années 2010-2011, Rapport, ONF, CNRS/ IPHC/ DEPE, SOBA Nature Nièvre : 18p.
CHEVALLIER J., 2008, Cigogne noire, Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 8 : 235
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.
MULLARNEY K. & al., 1999, Le guide ornitho, Ouvrage, Delachaux et Niestlé : 400 p.
Office National des Forêts, 1993, La Cigogne noire niche dans la forêt Châtillonnaise, Rapport, Office National des Forêts