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Envergure : 50-65 mm
Le Gazé est relativement grand (aile antérieure dépassant souvent 30 mm) et la blancheur de ses ailes, parcourues de nervures brun foncé à noir, permet de le distinguer facilement de la Piéride du Chou. Son thorax est couvert d’écailles piliformes blanches. La femelle est plus massive, avec une couverture écailleuse plus ténue, et des ailes au contour plus arrondi dont les antérieures sont hyalines, surtout après l’accouplement. En montagne, son vol et sa couleur le rendent proche de l’Apollon (Parnassius apollo). Lorsqu’il est observé de près ou posé, l’absence de taches permet une identification immédiate.
Le Gazé est une espèce mésophile qui fréquente en plaine les pelouses rarement fauchées parsemées d’arbustes ou les prairies bocagères délimitées par des haies constituées de diverses Rosacées arbustives. Elle est beaucoup plus présente en moyenne montagne sur les pentes et les éboulis fleuris, bien exposés au sud, il dépasse ainsi 1 100 mètres dans le Jura. Son vol est lent, planant, alterné avec de puissants battements. Les Scabieuses, les Centaurées, la Jarosse (Vicia cracca) et les Trèfles sont les fleurs les plus activement butinées. Certaines années de forte population (1976, 1999, 2001), les adultes se rassemblent le soir sur des Graminées qui servent de dortoirs pour passer la nuit. Les chenilles vivent principalement sur les Aubépines (Crataegus spp.), mais aussi sur les Prunelliers de petite taille (Prunus spinosa), qui peuvent être véritablement défoliés lors des années « fastes ». Elles restent grégaires et tissent un nid communautaire pour hiverner.
C’est une espèce univoltine dont les adultes volent de la mi-mai à la fin juillet, selon l’altitude. Au printemps, les chenilles se dispersent peu avant la nymphose.
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
Comme beaucoup d’autres espèces, le Gazé souffre de l’intensification agricole, qui tend à supprimer les haies et les buissons épineux et à limiter la floraison des prairies en recourant aux coupes précoces et à une forte fertilisation. Ce pourrait être l’explication de sa régression en plaine. Mais si l’enfrichement des milieux herbacés lui est favorable dans un premier temps, leur envahissement généralisé prive ensuite l’adulte des fleurs où il s’alimente. Un fait reste troublant dans le Jura où, à basse altitude (secteur de Poligny), les populations semblent décliner au fil des années depuis 1960 dans des milieux en apparence stables. Des nids de chenilles, prélevés ces dernières années, ont révélé un comportement « pathologique » des colonies et des individus présentant des difformités. Ces constatations méritent d’être approfondies car, lors de la disparition du Gazé en Grande-Bretagne, nos voisins Britanniques ont évoqué une possible maladie à l’origine du déclin de cette espèce chez eux. Ne serions-nous pas en train d’assister à un phénomène similaire chez nous ? Il convient de maintenir des haies et des bosquets épineux, tout en contrôlant la progression de l’enfrichement. Les opérations visant à replanter des haies à strate arbustive diversifiée n’excluant pas les espèces épineuses peuvent s’avérer favorables, surtout dans les secteurs de grandes cultures. Il importe par ailleurs de favoriser la floraison des prairies par une remise en cause des coupes précoces et une limitation de la fertilisation.
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
Espèce eurasiatique autrefois répandue et commune dans l’ensemble de la France, elle régresse actuellement fortement en plaine et dans de nombreux départements du Nord et de l’Ouest où elle est au bord de l’extinction. En Île-de-France, elle a disparu depuis quatre décennies. Le constat est assez similaire en Bourgogne et Franche-Comté, où les populations des secteurs d’agriculture intensive s’amenuisent (moitié nord du département de l’Yonne, plaine de Saône), bien que les effectifs soient très variables d’une année à l’autre. Les observations de Gazé deviennent rares en plaine mais persistent bien en régions collinéenne, montueuse et montagneuse où le papillon est encore commun avec des populations plus stables.
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
LAFRANCHIS T., 2000, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Ouvrage, Coll. Parthénope, Biotope édit., Mèze (France) : 448p.
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