Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Longueur : jusqu’à 130 mm pour les femelles, 180 mm pour les mâles)
Les Crustacés possèdent deux paires d'antennes et une respiration branchiale. L’ordre des Décapodes se caractérise par la présence d'une carapace céphalothoracique résultant de la fusion de l'ensemble des segments céphaliques et thoraciques et la présence de cinq paires de pattes locomotrices dont trois sont terminées en pinces, facilitant la préhension (de leurs proies etc.). L’Ecrevisse à pattes rouges est la plus imposante de nos écrevisses françaises. Elle est appelée ainsi car la face inférieure de ses pinces ravisseuses, massives et rugueuses, est rouge. Attention à ne pas la confondre avec l’Ecrevisse de Californie qui présente ce même caractère mais qui est envahissante ! L’Ecrevisse à pattes rouges s’en distingue par l’absence de tâche blanche au niveau de l’articulation du doigt des pinces. Le rostre est à bords lisses et parallèles, il présente une crête médiane dorsale denticulée. Une ligne d’épines latérales se trouve en arrière du sillon cervical, sur le céphalothorax, et deux épines ornent la crête post-orbitale.
L’Ecrevisse à pattes rouges affectionne les rivières à courant calme et les étangs aux eaux de bonne qualité, elle colonise également les secteurs profonds et à courant lent des rivières rapides. On la rencontre plus rarement dans les petits cours d’eau de têtes de bassins.
La maturité sexuelle survient vers 2 ans chez les mâles, vers 4 ans chez les femelles, pour une taille d’environ six centimètres. La reproduction a lieu en l’automne, les femelles pondent de 50 à 200 œufs 3 à 6 semaines après l’accouplement. L’incubation des œufs, fixés sous l’abdomen, dure environ six mois. Cette espèce peut vivre jusqu’à 15-20 ans mais sa croissance est relativement lente en Morvan.
Préférentiellement active durant la nuit, l’Ecrevisse à pattes rouges est zooplanctonophage au stade larvaire. Son alimentation se diversifie ensuite, elle se montre carnivore ou végétarienne selon les saisons, les besoins énergétiques et les opportunités : sa consommation de végétaux peut constituer 60% de son menu en été, elle semble chercher une nourriture plus carnée à l’automne.
Avec l’Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), l’Ecrevisse à pattes rouges fait partie des espèces remarquables du patrimoine naturel Bourguignon. Très abondantes jusque dans les années 1950, les populations de ces écrevisses autochtones se font aujourd’hui rares. Pourtant inscrite à l’annexe III de la Convention de Berne et à l’annexe V de la Directive Habitats-Faune-Flore, protégée en Bourgogne, et malgré son habitat protégé par la loi française et l’arrêté ministériel du 21 juillet 1983 et sa pêche interdite toute l’année, l’Ecrevisse à pattes rouges tend à disparaître du massif du Morvan et du reste du territoire français. L’IUCN la considère« en danger critique d’extinction » en France et « vulnérable » au niveau mondial. Les causes ? La pollution des eaux, la dégradation constante de la qualité de ses habitats (augmentation des températures, travaux hydrauliques, drainage des zones humides, pratiques agricoles et forestières etc.), mais aussi l’importation et l’expansion d’écrevisses originaires d’Amérique du Nord, en particulier l’Ecrevisse de Californie, qui induisent une compétition acharnée. L’espèce subsiste grâce aux efforts de repeuplement, essentiellement dans les plans d’eau où, pour certains, elle fait l’objet d’élevages extensifs.
L’Ecrevisse à pattes rouges est en compétition avec les Ecrevisses américaines, plus agressives et résistantes aux maladies et qui tendent à coloniser l’ensemble des cours d’eau, éliminant ainsi les espèces autochtones. Elle doit également faire face à la peste des écrevisses, une maladie causée par le champignon Aphanomyces astaci et introduite avec l’Ecrevisse de Californie. Cette espèce est une proie pour différents poissons (Truite, Brochet, Anguille), des Mammifères (la Loutre notamment) et des oiseaux Limicoles (Héron).
L’Ecrevisse à pattes rouges trouve en Bourgogne la limite sa limite sud-ouest de sa répartition nationale. Elle est régulièrement citée en Lorraine et en Bourgogne (Nièvre et Yonne uniquement), mais avec des effectifs faibles. Présente au cours du siècle dernier dans de nombreux plans d'eau, canaux et rivières de Bourgogne (dans la Cure, le Cousin, l’Yonne, mais aussi leurs affluents lorsque leur pente était assez faible, les étangs de flottage du bassin de la Seine), sa distribution est aujourd’hui très morcelée dans la région où elle se concentre pour l'essentiel sur le massif du Morvan. L’Ecrevisse à pattes rouges est considérée comme n’étant plus présente naturellement dans la région, la majorité des populations présentes dans les des étangs et rivières proviennent d’introductions humaines. On note également une diminution du nombre de sites malgré ces réintroductions. La majorité des plans d’eau autrefois propices, sont aujourd’hui peuplés par les écrevisses américaines. Une seule station est actuellement connue en Côte-d’Or.
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.
Fédérations Lorraine Pêche, Guide d’identification des écrevisses en France métropolitaine, Document technique : 15